_ Alors c’est ici.

L’homme loup présent devant la grande bâtisse du camp de bûcherons du Val de l’Est releva la tête. Il faisait gris et le jour arrivait à son terme. Il renifla et observa la structure en bois.

_ Ça sent la mouflette à pleine truffe…

Il baissa la tête un instant, hésitant, puis inspira un bon coup.

_ …Enfin après tout, j’vais pas commencer à me décourager dès le début.

Le worgen frappa la porte en modérant sa force ; « Évite de jouer les rustres, Phil. »
Il était habillé d’une tenue mal entretenue qui s’apparentait à celle des druides Kal’doreïs. Un cache-œil ornait son crâne velu. Son anatomie était elle aussi en mauvais état ; poils sales, carrément boueux par endroits, cicatrices apparentes… Cette bête humaine avait eu jusqu’à présent une vie sans véritable hygiène corporelle.
Le visage marqué par le temps et son caractère prêtant peu à l’enthousiasme, il se figea devant la porte.

_ Punaise… j’espère qu’ils vont pas me laisser dehors pour voir si des racines me poussent.

Les oreilles d'abord dressées en direction de la fenêtre puis finalement vers la porte, Phil ne pu retenir un regard méfiant à l'égard de la personne chargée visiblement de son accueil.

_ Ouais, bonjour...
Il s'appuya sur le bord de la porte.

_ J'suis venu pour voir si une meute comme la votre pourrait me compter dans ses rangs. Je m'appelle Phil Vakarian et j'peux apporter mon lot de bonnes surprises si vous êtes d'accord.

Il renifla, comme pour signifier l'attente d'une réponse.

Il haussa un sourcil, intrigué par la réaction de la louve face à lui. Néanmoins, il serra la main de son interlocutrice puis s’avança timidement à l’intérieur. Phil ne se retint pas de renifler autour de lui.

_ Enchanté, Trisha, déclara-t-il avec une certaine nonchalance.

Citation :

- Si c'est une meute que tu cherches, tu as frappé à la bonne porte! Mais avant de parler affaires, rentre donc, il ne sera pas dit que je laisserai un voyageur discuter sur le pas de la porte alors qu'il y a un bon feu d'cheminée qui brûle à l’intérieur.

- C'est pas un temps a laisser un Worgen dehors...

Il retourna sa tête pour fixer Trisha.

_ Merci beaucoup.

Sa voix faisait ressentir un peu de lassitude.

_ J’ai fort besoin d’une meute, oui.

Citation :

- La paix Corah.

Phil observa la bête sans faire un seul commentaire. Peut-être un sourire léger se dessina sur sa truffe. Quoiqu’il en soit il revint vite à la louve.

Citation :

- Désolé pour le désordre. Dire qu'on a pas eu de visiteur depuis un bout de temps serai un euphémisme. Va y je t'en prie, met toi à l'aise.

_ Certainement…

Il s’assit sans grande délicatesse en face de Trisha. Il racla sa gorge et se gratta discrètement la paupière sous son cache-œil.

Citation :

- Bien. Avant tout chose j'aimerai bien que tu m'en dises un peu plus sur toi. Qu'est ce qui t'a mené a nous, qu'elle sont tes motivations, tes envies, tes objectifs... Ce genre de choses.

_ Oh… bien sûr, je vois. On se tutoie alors ? J’adore ça, dit-il en souriant plus franchement, ses babines découvrant des crocs impeccablement formés et d’un blanc pur. Voilà un moment que je rôde dans le Norfendre. J’ai vécu un bon moment dans les Grisonnes. D’ailleurs, les autochtones de là-bas avaient pour habitude de m’appeler le « marcheronce ». Va savoir pourquoi… lança Phil en agitant une main. Bref… Voilà d’où je viens. Tu auras compris que je ne suis pas forcément un Gilnéen.

Il toussota douloureusement. Sa vieillesse le rattrapait de temps à autres et quand il souffrait, ses rides devenaient plus visibles qu’à un autre moment.

_ Je partage toutefois le fardeau de chaque worgen. Ainsi, dans les Grisonnes j’ai connu le soutient de l’Alliance. Ce sont des Kal’doreïs qui m’ont appris le druidisme. Dans cette région, j’ai également connu la haine pour la Horde. J’ai eu de nombreux « conflits » avec certains de leurs représentants.

Il pris le temps de prendre sa respiration puis de se replacer sur sa chaise.

_ Pourquoi je suis en face de toi à présent ? Parce qu’à part pour assurer ma propre survie, mes bras et ma tête ne me servent à rien. Mais l’esprit de meute, tu dois le savoir, est omniprésent dans mon cœur. Vous êtes la seule meute de votre genre que je connaisse. Par là je veux dire que depuis que j’ai appris le triste sort du peuple de Gilnéas, je me sens envahi par un sentiment qui m’était alors inconnu. Un sentiment qui me fait me sentir comme un Gilnéen, et qui me pousse à vouloir les aider et à agir dans leur intérêt. Voilà pourquoi je me présente à ta meute. Sans parler du plaisir égoïste de trouver sa place, son rôle, dans un groupe et être « quelqu’un » par la même. Mais se sont là des buts trop individualistes… Mon but premier est d’aider Gilnéas. Ce qu’il en reste tout du moins.

Il fixa en silence Trisha puis reprit :

_ Mais apparemment il n’y a plus tellement d’activité par chez vous, c’est ça ? Hmm ?

Citation :

- En effet. Une triste histoire dont je ne manquerai pas de te faire part, après que nous soyons revenus sur quelques petits points de ton parcours, tu veux bien ?

« J’ai du dire un truc qui plait pas. » pensa fort le druide. Il fronça les sourcils en attendant la suite.

Citation :

- Tout d’abord, coïncidence peu commune, il se trouve que j'ai également vécu dans les Grisonnes pendant six ans. J'ai habité le village de Solstice avant qu'il ne tombe sous le joug de ces fanatiques du Culte du Loup. D'ou la question qui va suivre : Si tu n'est pas un Worgen Gilnéen, ta transformation a-t-elle été provoquée par les Worgens du Norfendre ou est-tu en train de me dire que tu es un ancien suppôt d'Arugal ?

_ Arugal ! Phil se détendit aussitôt que la chasseuse avait fini. Par les poils de Goldrinn si j’avais été un de ses larbins, je serai mort tombé du haut de n’importe quelle falaise il y a bien longtemps !

Il ne retint pas un rire franc, cassé par moments par une gorge défaillante.

_ Non, tu le sauras bien assez vite, Trisha, tu peux me considérer comme un sauvage mais pas comme une âme perdue sans foi ni loi.

Il observa avec attention seulement maintenant son interlocutrice en passant ses griffes dans sa barbe.

_ Je ne suis pas du genre à abattre toutes mes cartes en début de partie, déclara-t-il sur un ton plus ronchon. Je comprends que tu veuilles préserver ta meute de tout individu de mauvaise fréquentation. Sache juste que je n’en suis pas un. J’ai vécu dans le Norfendre. Certes les Grisonnes, mais je n’ai pas limité mes errances à cette unique région. Notamment à cause de ces trolls putréfiés. Dis-toi que je suis un loup du Norfendre qui vit seul depuis le début de sa vie. Point. J’ai de bonnes relations avec les Kal’doreïs. Ils m’ont compris et m’ont appris énormément sans vouloir me tanner la tête avec leurs histoires. Point.

Le museau bas et le regard droit vers la louve, Phil venait de se rendre compte qu’il avait peut-être été trop sur la défensive. « Bah ! Au moins, elle saura ce que ça fait quand on suppose mal à mon sujet. »

_ Mais assez parlé de moi. Si tu me disais un peu ce qui arrive à ta meute et pourquoi il n’y a que toi qui m’accueille ?

Le druide fit mine de se détendre, affalé sur sa chaise.

Le druide se saisit du verre avec sa nonchalance habituelle.

Citation :

- Tord-Boyaux des Grisonnes! Le seul, l'unique. Personne ne sais l'apprécier ici. Je ne doute pas que ça te rappellera des souvenirs.

_ Merci bien. J’ai toujours cru que je n’en retrouverai plus avant un moment, dit-il en faisant remuer légèrement le contenu de son verre. J’avais pour coutume d’en boire un peu chaque lune avant que je ne me décide à faire le grand saut.

Un bref sourire se dessina sur ses babines. Il écouta sagement son interlocutrice jusqu’à ce qu’elle finisse. La finalité de la meute lui convenait. Reconquérir un territoire était une mission complexe. Ca sonnait trop militaire à ses oreilles cependant. Avec son attitude, ça ne filera sans doute pas tout droit. Peu importe ! Il trouvera une voie dans laquelle se donner à fond. « Je suis bon dans plusieurs domaines. Je trouverai bien. »

Il leva la truffe :

_ Avez-vous toujours espoir dans la meute, Trisha ?

Sur cette phrase, Phil sembla moins indifférent, comme s’il était déjà imprégné de la cause des Sombrécrins. Il continua :

_ Pensez-vous qu’il soit déjà trop tard ou bien de nouveaux louveteaux pourront redonner vigueur à la meute ? Il faut que je sache. Si la balle est dans mon camp, si tu n’attends plus que ma réponse, alors je te dis oui, je veux être des vôtres. Cependant, je ne veux pas m’engouffrer dans une cause perdue. Mais sachez que si la meute m’accepte…

Il inspira un instant.

_ …Je compterai pour deux, acheva-t-il avec un sourire plein de hargne.

Phil écouta avec attention les propos de la louve. Les mains jointes au-dessus des genoux, l’œil fixe, une fois encore c’est comme s’il se sentait déjà incombé de la tâche des Sombrécrins. Il avait observé Trisha pendant tout leur entretien ; il avait vu un lien fort avec sa meute, beaucoup de détermination, de férocité mais tout cela paraissait néanmoins érodé par les évènements récents autour d’elle. La chasseresse était sans doute plus affectée qu’elle ne voulait l’admettre.

Il tendit son bras à son tour :

_ Santé, lança-t-il avec un élan qu’il n’avait jusqu’alors pas dévoilé. Il vaut peut-être mieux que je l’attende ici, non ? Elle ne devrait pas être si longue, nan ?

Il but une gorgée… une longue gorgée, puis :

_ Je ne veux pas te retenir, fais comme si je n’étais pas là, je peux bien attendre sur ma chaise ou même dehors si ça arrange.

Il s’essuya le museau d’un revers de manche tout regardant la demeure avec plus d’attention.

_ Ha ça, j’ai toujours faim comme qui dirait.

Il suivit du regard la louve jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans la cuisine. Les bruits qui en sortirent firent vibrer les oreilles de Phil, peu habitué à un tel boucan. Il se saisit non sans crainte de la cuillère en bois qui lui était tendue et lapa rapidement.

_ Ouais. Ca ira dirons-nous, souffla-t-il dans ses naseaux.

Citation :

- Au fait, t'es un druide j'me trompe ? C'est quoi ta spécialité ?

« Spécialité ? » Le druide, fort coutumier de la solitude, avait oublié cette notion. Son évocation lui parut ressortir des âges. Il subît cela comme une gifle inattendue qui lui ôta les mots.

_ Druide, oui. Je pensais que c’était déjà une « spécialité » à part entière.

Il se gratta le crâne, à la fois gêné et en pleine réflexion.

_ Disons que j’suis polyvalent alors ! Je sens que je vais devoir aller à la rencontre de ces Kal’doreïs pour qu’ils m’expliquent deux ou trois choses encore.

Il marqua une pause pour renifler les effluves qui émanaient de la cuisine. Il dissimula un sourire.

_ Je ne suis pas du genre à aimer la violence. J’aime bien être tranquille dans mon coin. Et c’est pas parce que je sors de mon errance du Norfendre que ça devrait changer. Si tu veux imager, sur un champ de bataille, je pense que là où je serai le plus utile serait aux positions reculées. J’ai déjà pu entendre à mon passage que les aptitudes curatives des druides étaient utiles dans plusieurs cas. Je crois pouvoir exploiter cette voie… plus ou moins.

La gueule entrouverte je me marre toute seule sur ma bécane. Le vent me fouette la tronche et cette sensation illusoire de liberté me rend euphorique. A moins que se soit mon tête à tête avec mon worgen vicieux. Je garde quelques cicatrices fraîches de nos derniers échanges. Pour y retourner aussi souvent, c’est que j’dois aimer ça !

Le bruit tonitruant du moteur se coupe quand je me gare devant la Tanière. La béquille mise, Aykan mon lion albinos se jette sur moi. C’est qui le pépère à sa mémère, hein c’est qui ? Je mets une patte à terre histoire de recevoir l’accueil qu’il me réserve.

Mon estomac gronde aussi fort que mon compagnon. Le fumet de boustifaille me fait dire que Trisha a déjà commencé le dîner. Je m’en lèche les babines. Mais y a pas que ça. Une autre odeur, que je connais pas.

Je fais signe au félin de se calmer en avançant vers la porte d’entrée, mon arc à la main. C’est que perdre tous ceux que vous étiez censée protéger ça peut rendre parano !

La porte s’ouvre lentement, je m’approche à pas de louve. Analyse rapide de la situation et du sujet : on s’active dans la cuisine, un worgen à l’allure d’un clodo qui à vue de truffe sirote le tord-boyaux de Trisha, sa chienne tranquillement couchée dans un coin de la pièce…

Je pose mon arc sur la table de la salle à manger en soupirant de soulagement. Aykan rejoint Corah en ronronnant presque, quel sentimental ce couillon ! J’ôte ma lourde cape noire pour laisser apparaître une jeune silhouette musclée, recouverte d’une tenue saillante en cuir de talbuk marron. Mon pelage cendré fait ressortir mes mirettes bleues à la lumière du feu.

- J’suis rentrée !!!!

Enfin à la maison. Je me laisse tomber dans le fauteuil en face de l’inconnu en détaillant son visage, pas discrète pour un sou.

- Trisha a de la visite ? Tu fouettes l’air avec ton odeur aussi forte que ses congénères du grand nord.

Je prends pas la peine de me présenter, ni de lui faire des politesses… je suis chez moi après tout et notre solitude a pas arrangé mon savoir vivre !

Le boucan dehors fit vibrer les oreilles de Phil. Il tourna la tête vers la porte pour voir surgir en trombe une louve d’apparence robuste, armée d’un arc et en compagnie d’un félin blanc à crinière. Le druide haussa un sourcil. « La fameuse Alpha ou bien un autre membre de la meute ? » Dans le doute il répondit sans tenir compte du pic qui lui était lancé.

_ Bonsoir… Moi c’est Phil Vakarian.

Il inclina la tête rapidement.

_ Je ne connaissais pas Trisha avant de me présenter ici, dit-il en se replaçant sur sa chaise. Bon, vu que le tutoiement est de coutume ici apparemment, j’vais pas m’gêner. Désolé pour le dérangement pour tes naseaux, mais, tu l’as sans doute deviné, je viens directement du Norfendre. Je suis venu ici pour intégrer votre meute. Je veux servir la cause Gilnéenne et ce surtout pas seul.

Il inspira longuement.

_ J’attends l’Alpha qui décidera de mon avenir ici pendant que Trisha prépare je-ne-sais-quoi.

Phil laissa la parole à sa nouvelle interlocutrice qui vint s’affaler devant lui. Il se gratta sous son cache-œil en l’observant méticuleusement.

Ce petit air insolent, ce serait pas le père d’Elrön ? Non sans déconner ! Mes pupilles se détournent de lui pour se poser sur Trisha. Elle me sert sa moue réprobatrice comme après chacune de mes escapades. Pourtant je sens bien qu’une étincelle brille dans son regard. Peut-être bien de l’espoir, ou de l’excitation, un peu des deux même. De mon côté je m'emballe pas, j'ai appris à gérer mon palpitant.

Le cuir grince lorsque je m’affale plus confortablement. Assise la tête appuyée sur le dossier et les pattes pendues le long du bras droit du fauteuil, je ricane.

- Donc mon flaire me joue pas de tour. Va pas nous la vexer ou elle va nous foutre de la mort au rat !

Mon attention se pose à nouveau sur le sujet. J’ouvre grand mes bras en inclinant légèrement la tête avant de laisser ma voix rauque tapisser la tanière.

- La voilà ton Aplha. Ouais une femelle. J’espère que l’idée d’être dirigé par une worgen te dérangera pas vieux frère.

Les griffes croisées sur ma poitrine je lui laisse pas le temps de répondre. J'impose naturellement le rythme de la conversation.

- Si tu veux nous rejoindre y a quelques petites choses qu’il faut que tu saches. Dans quel bordel tu te fourres. Lorsqu’on rejoint la Meute Sombrecrin on accepte plusieurs règles. Une hiérarchie stricte, ainsi qu’une solidarité sans faille. La famille tourne toute seule alors chacun y met la patte. La vie en communauté doit pas te faire peur. Ce qui implique de pas empester les parties communes. Enfin pas plus qu'elles le sont d'jà!

Je me fais plus froide, histoire de prendre le contrôle sur ce qui bouillonne dans mon bide et pas lâcher la purée trop tôt.

- Deuxième point important, tu deviendras une cible pour nos ennemis. Et on en a à r’vendre. Certains se sont pas relevés. Faut pas avoir de faille, sinon ils frapperont sans hésiter.

Avec le temps j’ai travaillé la distance avec ce qui nous arrive. Même pas une petite larme alors que je me liquéfiais y a quelques semaines. La reine des glaces que me surnomment les loups restants. Qu’ils sont mignons…

- Pas de place pour les faibles !

« Bingo. L’Alpha. » Phil en avait eu l’intime conviction. Intérieurement il sourit. Son visage afficha sans doute à ce moment des babines plus tendues que d’habitude. Il écouta la louve-cheffe parler et n’eut pas le temps d’en placer une. Au regard du ton qu’elle employait, le druide sembla prendre en assurance : « Plus besoin de faire semblant alors, soyons rustres. »

Citation :

- Pas de place pour les faibles !

_ Roule ma poule, déclara-t-il avec sa nonchalance habituelle. Comme je l’ai déjà dit à Trisha, je compterai pour deux. Et il semblerait que vous soyez en manque de guérisseurs ? Hm ?

Il prit à ce moment confiance et releva le museau brièvement.

_ Par contre la hiérarchie stricte au sein d’une famille solidaire, tout ça, blablabla… j’aurai peut-être du mal au début, ça dérange pas ? J’m’y ferai à la longue, t’inquiète pas. J’ai l’habitude que les trolls me parlent mal, mais les autres… il va me falloir du temps je pense.

Il renifla bruyamment en passant ses griffes dans sa barbe.

_ Enfin, ça n’empêche pas mon dévouement sans faille. Je serai « la main », dit-il en imitant les guillemets avec ses doigts, de la meute si tu le désires.

Après une brève grimace qu’on pourrait apparenter à un sourire à ma comparse, je quitte pas le masque que je me suis forgée au cours des derniers mois.

- On en a connu des fortes têtes. Ceux qui ont pas pu se plier à nos règles, ou on pas trouvé ce qu’ils voulaient ont fait leur valise.

Mes yeux bleus se perdent quelques secondes à observer le feu, sans expression. Pourtant dedans ça braille, ça voudrait péter la gueule à quelqu’un histoire d’apaiser la haine et la soif de vengeance qui m’habitent.

- Apparemment mourir pour la Meute te pose pas de problème. Un bon point car t’as de forte chance de finir en descente de lit.

*Il a même pas sourcillé le vieux suicidaire*

- T’entends quoi par deux ? T’es une sorte de grand malade ? Vous êtes plusieurs dans ta caboche ?

Je tourne ma carcasse fatiguée de son entrevue avec Lodsey vers lui. Mes pattes se balancent dans le vide. Signe qu’il m’ennuie pas plus que ça.



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Les dialogues entre *texte* ne peuvent être entendus par ton personnage. C’est l’utilisation du don Sombrecrin avec Trisha. Un pouvoir télépathique.
/HRP]

« Ils aiment jouer les durs ici. » Phil nota que les échanges qu’il avait eus avec les Sombrécrins, ne serait-ce que lors de cette entrevue, étaient d’une tension sans nul autre pareil. Démonstration de force ou bien un moyen de se motiver soi-même pour un peuple au passé difficile ? Il creusera la question dès qu’il le pourra. Le druide ne se rendait pas compte qu’il pouvait être agressif ou peu conciliant lui-même.
- On en a connu des fortes têtes. Ceux qui ont pas pu se plier à nos règles, ou on pas trouvé ce qu’ils voulaient ont fait leur valise.

_ Ola, ola… Il leva les mains. J’suis pas venu ici pour vous dire que j’venais la nuit pour repartir la veille. Quand j’fais un truc j’le fais pas à moitié, si vous me faites devenir un Sombrécrin, j’en serai pour l’éternité, c’est moi qui vous l’dit.

Il prit un instant pour réfléchir tout en se grattant derrière une oreille.

_ Avoir des ennemis, j’connais. Par contre vos ennemis, j’les connais pas mais j’vais me faire une joie d’apprendre leurs vices et vilains défauts. Ca ne me fait pas tellement peur. D’autant plus qu’intégrer la meute signifiera que je ne serai plus vraiment seul… Ca fait moins de danger tout à coup.

L’air impassible de l’Alpha revint à Phil et s’agaça de ne pas susciter tant d’intérêt que cela. Son égo prenait un léger coup vraisemblablement.

_ Pour le coup du « pour deux », ça revient à ce que je viens de dire ; quand j’fais un truc, je le fais pas à moitié. J’ai décidé d’aider la cause Gilnéenne, j’irai jusqu’au bout.

Il s’avança sur sa chaise et esquissa un sourire à la limite du malsaint.

_ Je peux facilement être une sorte de grand malade, ouais.

- T'inquiète pas pour ça, nos ennemis t'apprendra à les connaître bien assez tôt. Enfin... A les sentir plutôt. Enfin. Entre le fléau et les Trolls putréfiés du Norfendre tu s'ras pas totalement en terrain inconnu.

D’un geste agile je me redresse. Ma rapidité n’a d’égal que mon équilibre. Je fais face à Phil et m’approche de sa gueule. Ma truffe à quelques centimètres de la sienne je le laisse sentir la chaleur de mon haleine sur ses babines.

- Chiche !

Un rire rauque éclate de ma gorge pourtant mon regard planté dans le sien reste neutre. Je me délecte du petit jeu instauré par mon interlocuteur.

- Tu manques pas de bagout mon grand. Ça se pourrait bien que ça me plaise. J’espère que tu balances aussi bien sur le terrain que tu te vantes.
- A la graille!

Mes griffes remontent jusqu’aux manches de se tenue que j’agrippe fermement.

- Va te laver en haut, tu trouveras de quoi te décrasser. Pas envie que ton odeur me coupe l’appétit.

Mon ton lui indique clairement que ce n'est pas une option.

Quand Phil sentit sur lui les mains de l’Alpha son poil se raidit de sa nuque à ses pieds, sa rutine se rétrécit e et sa mâchoire se serra immédiatement.

Citation :

- Va te laver en haut, tu trouveras de quoi te décrasser. Pas envie que ton odeur me coupe l’appétit.

« Maîtrise-toi, vieux. » se disait-il dans sa tête. Peu habitué aux relations sociales, son instinct venait se faire comprendre et faisait se rappeler au druide qu’il lui fallait apprendre et redécouvrir certaines choses… Comme le fait d’effleurer ou de toucher qui que ce soit ni signifie pas forcément vouloir atteindre à son existence.
Après une seconde sous tension, le loup se relâcha en prenant toutefois le soin de retirer sa manche de la poigne de la louve-cheffe.

_ J’vais voir c’que j’peux faire, marmonna-t-il en se rendant à l’étage supérieur.

…

Délesté de toute crasse, ou presque, et rhabillé convenablement, ses spallières et ses gants à sa main, il descendit au pied de l’escalier après quelques petites minutes rafraîchissantes.
Il se tourna vers les deux louves Sombrécrins.

_ Alors comment fait-on ? J’pars chercher un autre endroit où bouffer ou bien j’peux rester ici… avec tout ce que ça implique ?

Il acheva sa question en s’appuyant sur le dossier de la chaise où il était assis un peu plus tôt.